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Collectif du Pervou
13 août 2018

Appel à la Confédération

 

Ecole neuchâteloise : faut-il appeler la Confédération à la rescousse ?

Au nom du principe de subsidiarité, le soutien de la Confédération pourrait-il être réclamé lorsque, comme Neuchâtel, un canton ne parvient plus à faire fonctionner et évoluer son école ?

De multiples causes, financières, administratives, stratégiques et politiques, expliquent une situation fortement dégradée  au cours de ces quatre dernières années. La volonté esquissée quatre ans plus tôt par un Philippe Gnaegi énergique, pour lequel les limites budgétaires ne devaient pas empêcher l’évolution des structures de notre système de formation, a fait long feu. Une fois ce dernier débarqué par le souverain, les services administratifs ont retrouvé le pouvoir qui leur avait été légitimement confisqué le temps d’une législature. Sans guide politique, la haute administration peut donc se défouler à concocter tous les menus possibles et imaginables d’économies, du plus farfelu au plus absurde. En la laissant ainsi travailler à vue, le pire peut advenir. A l’instar de la nouvelle grille salariale du corps enseignant qui semble l’œuvre d’esprits peu enclins à percevoir le rôle primordial tenu par l’éducation dans notre société. Dans cette affaire, la Conseillère d’Etat semble n’y avoir vu que du feu !

L’Etat paraît aujourd’hui incapable de tenir son rôle de garant républicain inhérent à sa mission régalienne, avec un service de l’enseignement obligatoire abandonnant ses missions pourtant fondamentales en matière de « haute surveillance » - contrôle pédagogique et de coordination entre des cercles scolaires issus de la régionalisation - de l’Ecole obligatoire neuchâteloise.

La situation, tendue sous Philippe Gnaegi, est devenue critique sous Monika Maire-Hefti. Si le premier avait placé l’école aux soins intensifs, avec l’espoir de l’en sortir par le haut, la seconde préfère les soins palliatifs et choisit des thérapies aux allures de sparadrap sans chercher à soigner un mal qu’elle ne semble pas être en mesure de saisir. Elle paraît hélas ignorer ce que signifie une école républicaine et en donne une définition erronée, en totale inadéquation avec celle léguée par l’histoire de notre canton. Ses convictions la portent à vouloir traiter la pauvreté, comme la faiblesse scolaire, par la charité plutôt que par la force de la volonté.

La cheffe du département de l’éducation et de la famille est élitiste sans le savoir. En sapant année après année les conditions de travail des enseignants et celles de la scolarisation des enfants de ce canton, elle condamne les plus fragiles d’entre eux à l’échec et n’offrent qu’aux meilleurs la possibilité de s’en sortir. Encore une socialiste non pratiquante, préférant la paix de son âme à un engagement politique concret auprès de celles et ceux qu’elle est censée soutenir, les enseignants et les enfants de son canton d’adoption !

Une approche plus factuelle démontre à l’envi que l’école « HarmoniSée à la neuchâteloise » a du plomb dans l’aile. Les moyens débloqués pour la mise en œuvre des réformes inhérentes au concordat HarmoS sont insuffisants. Pour preuve, la proposition de baisse du nombre de leçons dispensés aux élèves du cycle 2 pour compenser la décharge accordée aux enseignants aux degrés 3, 4, 5 et 6. A observer les compétences de nombre d’élèves, en fin de scolarité, notamment en français, plus particulièrement en lecture, force est de constater qu’il y a péril en la demeure. Dans un canton déjà peu généreux en la matière, ayant pour habitude d’exiger des familles de rattraper ce qui ne se fait pas en classe, générant une surcharge de devoirs à domicile, de cours d’appui à la charge des parents et des tâches scolaires supplémentaires qui s’invitent de plus en plus régulièrement durant les vacances de nos chères têtes blondes, l’écart ne peut que se creuser entre les meilleurs élèves et les plus démunis (*).

De surcroît, les coupes à répétition opérées dans le secteur du secondaire II neuchâtelois excluent ce dernier des normes habituelles usitées dans les autres cantons suisses. Avec un encadrement très en-dessous de ce qui existe ailleurs en Suisse, des effectifs par classe pléthoriques et un indice-horaire élevé pour les enseignants, le canton de Neuchâtel se distingue également, en ne permettant plus une évaluation et une préparation équivalentes à ce qui se pratique dans les autres cantons.

Que dire encore de la mise en place du concordat sur l’enseignement spécialisé ? (*) Les bonnes intentions, intégratives avant tout, sont battues en brèche par un manque de moyens financiers qui retarde indéfiniment l’introduction d’un vrai concept cantonal en la matière.

Bref, c’est à croire que nos autorités scolaires ne connaissent pas la honte, sinon elles seraient tellement rouges qu’on les distinguerait dans l’obscurité dont elles nimbent notre école. Dès lors, appeler la Confédération à la rescousse, alors que l’exécutif cantonal n’en finit pas de sacrifier notre école au point que cette dernière n’est plus HarmoS-compatible que sur le papier, n’apparaîtra incongru qu’aux autruches qui gardent la tête bien enfoncée dans le sable plutôt que d’embrasser l’horizon du haut de leur cou, frêle mais majestueux.

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